Stop. On vous arrête tout de suite si vous voulez parler au directeur. Les membres de Tg Stan (Stop Talking About Names, «Arrêtez de parler des noms») ne sont pas fans des hiérarchies. Constitué il y a onze ans par quatre élèves remuants du conservatoire d'Anvers, le groupe flamand, dont le Festival d'automne a eu la bonne idée de programmer trois pièces (une d'Ibsen, une de Heiner Müller et, pour finir, au théâtre de la Cité internationale, Point Blank, montage à partir de Tchekhov), s'affiche dans la catégorie des hors-catégories. Refusant l'autorité, en particulier celle du metteur en scène démiurge (dont la montée en puissance est récente: son rôle a commencé à être valorisé vers la fin des années 20), le noyau dur de Tg Stan (Jolente De Keersmaeker, Damien De Schrijver, Franck Vercruyssen et Sara De Roo) travaille à l'emporte-pièce.
Bubons. Témoin Un ennemi du peuple d'après Ibsen, débité à toute blinde. Quelques tables, un pupitre pour une répétitrice commise aux didascalies et à la soufflerie (pour trous de mémoire, vrais et simulés) qui fait défiler les actes staccato. Du coup, le brûlot du Norvégien (le médecin d'une ville thermale s'aperçoit que les canalisations puisent dans un cloaque et que les futurs curistes y récolteront, en guise de bienfaits, bubons et pustules, s'escrime à le faire savoir et se retrouve banni sous les hurlements de la majorité silencieuse) devient d'une fabuleuse efficacité. D'autant que les Belges, cinq pour une vingtaine de rôles, savent,