Casse-Noisette, c'est le marronnier de Noël, d'autant qu'on ne porte guère en affection ce ballet fadasse sur un livret plus insipide encore. Traîné par la famille dans tous les opéras de province, on a vu les versions les plus poussiéreuses de ce navet de la danse, conte de fées qui met en scène une petite Clara et ses jouets pris de magie, le tout planté dans un intérieur bourgeois. Il n'y eut souvent que la musique de Tchaïkovski pour consoler de tant de mièvrerie. Jusqu'à ce que quelques versions décapantes nous soulagent, qu'il s'agisse de celle freudienne de Rudolf Noureev (1), de celle parodique et bande dessinée de Mark Morris (Hard Nut) ou de celle joyeusement débridée d'Andy Degroat.
Celle de Jo Stromgren vient de voir le jour à la Filature de Mulhouse, interprétée par le Ballet de l'Opéra national du Rhin, centre chorégraphique national. Répondant à la commande de Bertrand d'At, directeur artistique depuis 1997, le chorégraphe norvégien d'une trentaine d'années poursuit ainsi sa collaboration avec la compagnie pour laquelle il avait déjà signé Alexie. Tout d'abord réticent à l'idée de la relecture d'un classique, le chorégraphe s'est laissé convaincre, voyant dans la proposition du Ballet une occasion de renouer avec la narration. Resserrant l'action sur une seule journée, il a centré son sujet sur l'évolution de Clara, passant au contact des fées, et, surtout, des magiciens et autres princes, de la jeune fille à la femme.
Elle n'est pas riche, la Clara de Jo: son p