La Havane envoyée spéciale
Vendredi 17 novembre. La 7e Biennale de La Havane s'ouvre dans une confusion totale. L'installation est loin d'être finie (la plupart des oeuvres ne sont pas encore visibles, ayant changé deux fois de destination en trois jours). Pourtant, un jury vient de décerner au Français Jean-Pierre Raynaud, 61 ans, le prix du «jeune artiste» offert par l'Unesco, soit 35 000 francs un artiste-professeur d'arts plastiques à Cuba gagne environ 10 dollars (78 francs) par mois.
L'oeuvre de Raynaud consiste en une série de drapeaux cubains tendus sur châssis. Un tableau-drapeau cubain avait déjà été offert par Raynaud au régime castriste, dont témoigne une photo de l'artiste posant à côté de son drapeau, que tient Fidel en personne. Cette photographie infâme (Raynaud, drapeau, Castro) figure en couverture du catalogue personnel de l'artiste. Le critique Pierre Restany en a écrit la préface. Il est aujourd'hui, à La Havane, le juré français du prix Unesco.
Diplomatie. Raynaud a, paraît-il, été imposé par le ministère de la Culture cubain à l'organisme payeur français, l'Afaa, qui a dû diplomatiquement prendre en charge son séjour. L'Afaa a beau jeu de s'indigner aujourd'hui que Raynaud ait empoché son prix. Pourtant, le 7 novembre, un groupe d'artistes cubains exilés à Paris avait envoyé au mensuel Connaissance des arts une longue lettre de réprobation concernant un article de Restany sur Raynaud, «véritable publicité en faveur du régime de Castro! Un régime qui a e