A 57 ans, Mike Leigh ironise sur ceux qui s'étonnent de le retrouver aux commandes d'un film historique.
«J'avais envie de m'attaquer à un film historique en le traitant à ma manière. Et je voulais parler des mécanismes de la création et de la culture populaire. Manchester, où j'ai passé mon enfance, est une ville d'architecture victorienne. Ma jeunesse a été imprégnée de cette ambiance. Les airs de Gilbert et de Sullivan font, pour moi, partie de cette culture qu'on siffle sous la douche.
Pourquoi avoir centré le film sur la création du Mikado, en 1885?
Je ne tenais pas à faire une biographie de Gilbert et de Sullivan. Je voulais un angle qui me permette de les aborder d'un point de vue significatif, eux et la société à laquelle ils appartenaient. Au moment de la création du Mikado, ils arrivent à un point crucial de leur carrière. Avant, ce sont simplement deux auteurs à succès. Là, ils traversent une crise, sont tiraillés par des aspirations contraires. Gilbert est le roi du «sans-queue-ni-tête», des intrigues pleines de potions magiques et de retournements miraculeux. Mais il est confronté à une certaine lassitude du public. Sullivan incline à plus de réalisme et de simplicité. Il rêve d'accomplissement et d'honorabilité à travers la musique noble: un opéra, où il se révélera plus conventionnel et moins intéressant que dans ses opérettes.
1885 est une année très riche. Dans cette société hyperbritannique, à l'apogée de l'empire, l'exposition nippone fait sensation. Il y a là