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Libération
Critique

«Eureka», cosmique.

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publié le 29 novembre 2000 à 7h13

Eurêka de Shinji Aoyama, avec Yakusho Koji, Miyazaki Aoi, Miyazaki Masaru... 3h37.

Marguerite Duras tenait le cinéma commercial pour fini, «comme on peut dire d'une ville, Paris, qu'elle est achevée», et oeuvrait pour un après-cinéma où il serait conseillé d'inventer sans cesse. Cinéma expérimental mis à part, il semble que, ces dernières années, ce soit une bonne partie du continent asiatique qui ait, à son tour, trouvé drôlement clos le chapitre du gros cinoche classique. Mais peu de cinéastes, chinois, hongkongais, taiwanais ou japonais, ont repoussé avec autant de risques et d'élégance les murs du temps cinématographique que Shinji Aoyama. Aucun autre, à notre connaissance, n'a fondé sa survie sur un tel étirement de la durée, ni ne voit le temps comme un recoin embusqué du bonheur.

Trois heures trente-sept. On peut toujours juger gonflé (ou gonflant) d'avoir voulu imposer avec Eurêka un film d'exactement trois heures trente-sept. Mais comme on en sort apaisé, relâché, délesté de notre poids, on peut accueillir cette parcelle de durée comme un don, voire un privilège. Donc, Eurêka est un gros film. Un gros film maigre, un obèse émollient si l'on veut. Ce n'est qu'au sortir de la salle, quand la ville reprend ses droits, que l'on se pique d'enthousiasme en se rendant compte (par contraste) que oui, c'est aussi un grand film, plein de promesses tenues, de solutions d'Archimède apportées à des questions que nous ne nous posions pas. Elle est retrouvée. Quoi? L'immensité... Eu