Parmi les cent nouvelles du Décaméron de Boccace, Marie-Christine Questerbert n'a pas choisi la plus leste et il ne faut pas s'attendre à retrouver ici toute la trivialité heureuse des adaptations de Pasolini en 1970. Le conte élu (neuvième du troisième livre) traite d'un amour contrarié entre une jeune fille, Aliénor, et son ami d'enfance, Bertrand de Roussillon, que le roi de France lui a offert en mariage sur un plateau, après qu'elle lui a sauvé la vie. Le garçon ne l'entend pas de cette oreille, offusqué d'être traité en marchandise que l'on accorde par décret en retour du service rendu. Il se plie à la volonté royale mais, dès le seuil de son château franchi, il plante sa femme aussi sec et s'en va cavaler par monts et par vaux, jusqu'à la Toscane. Dépitée, Aliénor tente de le retrouver et met au point un subterfuge pour récupérer le mari récalcitrant.
Ellipse. Le film met en scène la question des motivations profondes du penchant que l'on éprouve, ou pas, pour telle personne et comment ce penchant peut être trompé. L'ironie du conte trouble la justesse des rapports amoureux, leur sincérité ou leur profondeur, en montrant qu'il est facile d'abuser les sens (ici, non seulement la vue mais aussi le toucher, l'odorat), de substituer un corps à l'autre et de confondre le désir dans ses erreurs ou errements.
Tout le film repose sur une scène qui ne sera pas jouée, qui manque et rend l'intégralité du récit à la fois dynamique et absurde, à savoir la scène de séduction et d'app