En 1995, lorsque sortirent en feux croisés la Haine, Krim, Etat des lieux et Raï, les Cahiers du cinéma forgèrent l'expression «Banlieue-film» pour décrire un genre naissant, où la description du milieu dans lequel se déroulait la fiction constituait aussi son principal sujet, quasiment son seul enjeu. Indubitablement, la Squale participe de cette mouvance. La cité (en l'occurrence Sarcelles), sa topographie, ses modes de vie, sa microculture, les sempiternelles histoires qu'elle sécrète, constituent le sujet de ce premier film de Fabrice Genestal (issu de l'enseignement et du milieu associatif). Film de genre peut-être, mais aussi oeuvre soucieuse de faire entendre sa petite différence puisque Genestal a choisi d'opposer au machisme atavique du banlieue-film un point de vue résolument féminin.
Le film commence par une scène de viol collectif. Toussaint (Tony Mpoudja), chef de bande et tombeur arrogant, séduit une jeune beurette un peu dessalée, l'entraîne dans sa planque, la fait «tourner» de force auprès de ses potes et finit par la marquer au fer rouge. Histoire de lui montrer comment la cité traite les salopes. Par la suite, Toussaint évolue parmi un vaste ensemble de personnages féminins: sa mère et ses soeurs, qu'il respecte et auprès desquelles il se montre docile, mais aussi la fille qu'il drague, Yasmine (Stéphanie Jaubert), jeune musulmane studieuse, bien décidée à ne pas reconduire la vie de soumission et de renoncement à la loi du mâle que prône sa mère et enfin,