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Libération

Lully débarrassé de la cour et du Roi

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publié le 29 novembre 2000 à 7h13

C'est William Christie qui a dû s'étouffer en apprenant qu'on avait confié la musique d'un film sur la vie de Lully à quelqu'un d'autre, lui qui a tant fait avec ses Arts florissants pour rappeler aux Français leur patrimoine musical. En attendant la sortie de ce film-spectacle pour fêtes de fin d'année, intitulé Le Roi danse et réalisé par Gérard Corbiau ­ dont le Farinelli révéla Christophe Rousset ­, Reinhard Goebel, qui en a enregistré la B. O., dirige ce soir en avant-première son Musica Antiqua Köln, dans un programme de danses de cour de Lully, sur les lieux-mêmes où elles ont été créées, l'Opéra Royal du château de Versailles.

Le nom de Goebel est connu des amateurs de musique baroque depuis 1973, date de la fondation de son ensemble Musica Antiqua Köln, qui obtiendra ses premiers lauriers de l'industrie discographique au début des années 80. A l'époque, la simple mention de la musique de Biber, Rebel ou Heinichen, produit au mieux des yeux écarquillés, et au pire des sourires gênés.

Pour n'avoir pas eu à essuyer les plâtres comme la première génération de la révolution musicologique baroque (celle des Harnoncourt et Leonhardt), Reinhard Goebel a, comme ses confrères Philippe Herreweghe ou René Jacobs, mis du temps à dépasser la lettre souvent grinçante de ces partitions reconstituées dans la crainte, pour en faire jaillir l'esprit. Au moins n'aura-t-il pas perdu son temps en hésitations: quasiment dès sa naissance, le 31 juillet 1952 à Sigen (près de Cologne), il est