Dissipons d'emblée toute équivoque à l'intention de ceux qui ont entendu dire que Topsy Turvy, le dernier film de Mike Leigh, est dédié à deux célèbres auteurs d'opérettes britanniques: Topsy n'est pas le nom du compositeur ni Turvy celui du librettiste. Ce titre idiomatique signifie, en réalité, «sans queue ni tête». Ou, littéralement, «sens dessus dessous», traduction plus fidèle, mais moins adaptée en français. Car, en l'occurrence, il s'agit d'un genre dramatique, basé sur des contes à dormir debout. N'allez pas non plus en conclure que le réalisateur de Naked et de Secrets et mensonges, abandonnant l'observation de la middle-class et des prolos contemporains, s'est jeté dans la réalisation d'un Hellzapoppin en hauts-de-forme...
«Topsy turvy» était un qualificatif appliqué aux pièces remplies de mages, de malédictions et de sortilèges qui faisaient florès sur la scène anglaise des années 1870-1880. Une veine dans laquelle s'illustrèrent avec brio William Gilbert et Arthur Sullivan. Le premier était dramaturge et metteur en scène, le second compositeur et musicien. Ils ne s'entendaient pas, mais leur attelage artistique fonctionnait à merveille. Les airs de leurs opérettes, emblématiques de l'ère victorienne, continuent d'être fredonnés de nos jours dans les salles de bains anglo-saxonnes.
Mémoire collective. Les patronymes de «Gilbert and Sullivan» riment indissociablement, dans la mémoire collective, avec la prosodie du topsy-turvy et se répondent, comme le double visage