«Il habitait en face de chez nous et portait l'uniforme militaire, il rayonnait dans la rue. Un jour, je suis allée jouer à la plage et je me suis perdue. Je pleurais... et soudain, il était là. On a fait le tour pour chercher mes parents. Je les ai vus, mais je n'ai rien dit pour marcher un peu plus avec lui. Je sentais que je rayonnais, que tout le monde me regardait.» Contrairement à sa mère évoquant un flirt de jeunesse, Mohamed ne rayonne pas. Son innocence semble s'être évanouie il y a longtemps déjà, au départ de son père. A la place, un grand vide, qu'il porte flou dans le regard. Ses yeux ne savent jamais où se poser. Aussi, au récit d'enfance de sa mère, il préfère raconter comment il a vu, dans un cinéma cairote où il zonait, un homme larder sa femme de coups de couteau pour l'avoir surprise en situation d'adultère.
Humanisme levantin. Dans l'Egypte de l'année 1990, prise en sandwich dans le conflit Irak-Koweit, remontée à bloc d'intégrisme et de slogans clamant l'identité arabe, la fièvre sans cause de Mohamed le sans père a toutes les chances de rencontrer un embrigadement religieux, celui d'un islam intégriste. Auquel s'oppose Atef Hetata, dont c'est ici le premier long métrage, mais qui commença le métier comme assistant de Youssef Chahine, partageant avec lui un humanisme levantin (chrétien d'Arabie, du Liban). Les Portes fermées décrit une société égyptienne où les femmes seules savent qu'elles valent cent maris, où, pour survivre, elles doivent se déguiser e