Menu
Libération
Critique

Les morceaux de choix du «Boucher espagnol».

Article réservé aux abonnés
publié le 2 décembre 2000 à 7h24

Il faut d'abord enjamber des corps de poupées disloqués et des jouets éparpillés dans le passage, avant de découvrir l'espace étroit du Boucher espagnol de Rodrigo Garcia, vu par le metteur en scène Oskar Gomez Mata. On prendra soin aussi de ne pas écraser les habits de bébés déposés sur certains dossiers de fauteuils. Sur le plateau: un canapé élimé sur un lino à damiers usé avec, au-dessus, toute une batterie d'ustensiles de cuisine, des têtes de poupées, des sachets en plastique et des peluches qui pendent à des crochets de boucher. Un établi à découper et des sièges en Formica complètent le décor encombré.

Jeu outré. Trois énergumènes font leur entrée un à un par le rideau en perles de couleurs, au son d'un violon strident, en sautillant et en se trémoussant. A la fois père, mère, fils et showman de ce petit cabaret familial, chacun fait son tour de piste et amuse la galerie par un jeu outré et faussement provocateur qui se rit de lui-même. Excès et mauvais goût sont de rigueur.

«Ti-Ta Merelo!» C'est le nom d'une starlette du petit écran, le premier grand fantasme du fils: chanteuse ou actrice, il ne sait plus trop, seul comptait la sonorité rythmique de son nom. «La cadencia!», clament-ils en choeur. En effet, tout est question de rythme dans ce théâtre du crescendo. Il y a une chevelure dans la marmite à pot-au-feu et du sang sur le lino, sur lequel on jette de la sciure pour ne pas déraper. Les rapports familiaux se règlent à coup de gants de boxe, le boucher fait une d