Heifetz, Oïstrakh et (récemment) Menuhin disparus, le violon du XXe siècle ne compte plus qu’une seule légende vivante, l’Américain Isaac Stern, né le 21 juillet 1920 à Kreminiecz (sur la frontière russo-polonaise) et émigré à San Francisco à l’âge de 10 mois. Grand soliste, chambriste, pédagogue et humaniste, à la vie étoilée de rencontres avec les plus importants artistes et hommes politiques de son époque, président du Carnegie Hall, qu’il aura sauvé de la destruction, Stern publiait il y a quelques jours ses mémoires, Mes 79 premières années, rédigés avec l’écrivain américain Chaim Potok et accompagnés de la sortie simultanée d’une compilation portant le même titre, permettant de l’entendre entre autres dans Brahms (avec Casals et Myra Hess), Vivaldi (avec Oïstrakh) ou Beethoven (sous la direction de Bernstein).
En convalescence dans sa résidence new-yorkaise, le musicien revient sur les grandes étapes de sa carrière. Il s'excuse tout d'abord d'être un peu en retard: «J'ai pris un cachet pour me détendre, car je dois me reposer le plus possible. Quand on m'a mis une valve dans le coeur, on a découvert d'autres affections et j'ai dû subir cinq opérations et anesthésies supplémentaires en quinze jours. Je suis désormais en parfaite santé, mais encore faible.»
C'est la première fois de votre vie que vous n'êtes pas en Israël pendant une crise. Si votre santé vous l'avait permis, seriez-vous allé jouer Bach sur le front et dans les hôpitaux, comme vous l'avez toujours fait?
San