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Libération
Critique

«Le Cochon noir» vieillit mal.

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Planchon remanie sa pièce créée en 1973.
publié le 7 décembre 2000 à 7h36

Pour écrire le Cochon noir, Roger Planchon dit s'être largement inspiré de la littérature de colportage, ces petits ouvrages brochés qui fleurissaient au XIXe siècle dans les campagnes. Sa pièce est située au printemps 1871, dans un petit village de l'Ardèche, très loin de Paris, où la Commune vit ses dernières heures. Elle raconte l'histoire d'une noce qui tourne mal: renversée dans la boue, la mariée est soupçonnée d'avoir été violée par un vagabond ou possédée par le démon. Une chasse à l'homme s'organise, ponctuée par un lynchage, tandis que le sorcier du village prépare une cérémonie d'exorcisme, malgré l'opposition du curé.

A partir de cette trame de fait-divers du siècle dernier, Planchon imagine une fresque historique et sociologique, qui est aussi une exploration des racines ardéchoises de l'auteur et une réflexion sur un monde marqué par la superstition et l'obscurantisme.

Planchon avait créé le Cochon noir en 1973. Pour cette version 2000, il a quelque peu remanié son texte, inversant notamment certaines scènes. Sur le plateau de la Colline, ce n'est pas seulement l'histoire racontée qui semble d'un autre temps, mais l'esthétique qui la soutient. C'est du théâtre en costumes, couleurs ocre, sépia et bleu pâle, où une foule de figurants évolue dans des lumières plutôt basses, sur un plancher rustique, avec des effets de tentures gonflées par le vent. L'ensemble évoque une copie de Strehler qui aurait mal vieilli. Le jeu est à l'unisson de cette laideur: maladroit, dé