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Libération

Un calcaire trop brillant pour être anglais.

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L'entrepreneur aurait, sans mot dire, utilisé une roche importée de France.
publié le 7 décembre 2000 à 7h36

L'affaire fait grand bruit en Grande-Bretagne. L'entrepreneur choisi pour la restauration du British Museum, Easton Masonry, s'était engagé par contrat à n'employer que la roche d'origine, extraite des carrières de Portland, dans le sud de l'Angleterre: un calcaire oolithique tirant sur le gris. Alertée par un informateur anonyme, la direction du musée s'est aperçue, à l'été 1999, qu'il y avait tromperie. Le matériau utilisé proviendrait des environs de Dijon! «Deux tests commandés à des laboratoires indépendants ont confirmé nos soupçons. L'entrepreneur a fini par avouer qu'il s'était tourné vers la France, car il ne disposait pas sur place des quantités nécessaires. Plus du tiers du portique était déjà achevé. Nous avons préféré poursuivre les travaux que de détruire ce qui avait été fait», explique Andrew Hamilton, porte-parole du musée. L'appel d'offres permettait l'usage de pierres «similaires» à celle de Portland. Un audit rendra ses conclusions en janvier.

Si la fraude est avérée, le British Museum entamera des poursuites. Le calcaire de Portland a un grain plus délicat, brille moins, pèse plus lourd et surtout coûte plus cher que son cousin français, l'«anstrude roche claire». «Dans un monde idéal, nous aurions préféré ne pas subir une telle supercherie, mais le portique aurait fait neuf dans tous les cas», insiste Andrew Hamilton. L'architecte Norman Foster n'a pas voulu masquer la réalité: «Nous aurions pu vieillir les murs artificiellement. Cela aurait été contrair