La danse remplit le corps d'Emmanuelle Huynh comme la mer se coule dans une anfractuosité de la côte. Le long de ses bras ou de ses jambes, de la hanche à l'omoplate, un geste prend son essor pour venir habiter son corps, à la manière dont on prend possession d'un nouvel appartement.
Platitude. Après un incipit réjouissant et communautaire, la première partie de Distribution en cours permet à sa créatrice de développer en solo ses qualités d'interprète. Elle le fait avec une économie de moyens qui met en valeur l'étendue de ses ressources tout en se gardant de flirter avec la virtuosité. Cela finit par produire un travail bien fait, honnête et sans esbroufe. Au bout d'un moment, l'exercice commence néanmoins à devenir un peu ennuyeux. Faute du grain de fantaisie qui insinuait un zeste d'émotion dans la variation, les mouvements s'enchaînent de manière de plus en plus prévisible.
La sculpture mobile introduite sur scène accentue l'effet de platitude. Croisement malencontreux d'une Accumulation d'Arman avec un Combine de Rauschenberg, cette grosse cabane ambulante encombrée d'objets triviaux est mue par un acteur invisible. Elle est supposée entretenir un dialogue avec la danseuse. Brochant sur le tout, un jeu d'éclairage à base de balayage d'ombres et de lumière obscurcit une action qui se délite peu à peu.
Cette séquence avait déjà été présentée à Beaubourg comme un hommage à Merce Cunningham et John Cage. Le musicien en aurait sans doute attrapé un fou rire. A rebours, il est