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Lyon: et la lumière fut...

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En 150 ans, la ville s'est approprié le rite religieux d'illumination du 8 décembre.
publié le 8 décembre 2000 à 7h41

Lyon de notre correspondant

A Lyon, ce soir, la nuit va tomber et les rues se remplir. Comme chaque 8 décembre, les bâtiments publics, les fontaines, les fleuves, s'offriront à la lumière. Spectacles de feu, parcours lumineux, ambiance mystérieuse pour celui qui débarque sans rien connaître au rituel. Il remonte au XIXe siècle et s'appelle désormais «la Fête des lumières». Un rendez-vous sacré repris par les profanes. Et «une excellente occasion d'analyser les évolutions de la société lyonnaise», pour Philippe Dujardin, politologue au CNRS et coauteur d'un texte encore inédit sur cette nuit particulière (1). «Observer ce soir-là, dit-il, ce n'est pas travailler sur l'anecdotique. C'est entrer dans l'histoire d'une ville par le soupirail festif.»

«Miracle». Cette histoire-là commence en 1852. Une statue colossale, dédiée à Marie, doit être inaugurée sur le clocher d'une petite chapelle, en haut de la colline de Fourvière. Une grande fête est prévue le 8 septembre (2). Mais en plein mois d'août, la Saône déborde de son lit et envahit le chantier où les ouvriers coulaient la statue, à l'endroit où débouche aujourd'hui le tunnel de Fourvière. Dès lors, on reporte les festivités au 8 décembre, jour dédié à l'Immaculée Conception.

Le soir de l'inauguration, des lettres de feu hautes de dix mètres doivent écrire «Ave Maria 1643-1852» dans le ciel. Et la bourgeoisie a été discrètement priée d'illuminer les maisons. Pour la proclamation de l'Empire, trois jours plus tôt, le préfet avait