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Libération
Critique

Cheb Bilal scande le raï moral

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publié le 9 décembre 2000 à 7h44

A Oran, berceau du raï. Pas un revendeur de cigarettes sur le trottoir qui n'affiche un poster de lui: crâne ras, bouc roux, lunettes fumées. Les étals de ces cigaretiers constituent un sondage sauvage plébiscitant l'étrange raïman Bilal, dont la carrière démarrée à Marseille, a fait l'une des vedettes du raï là-bas.

Sans-papiers. Bilal Moufok est arrivé à Marseille en 1989, accompagnant au banjo Houari Aouïnet, chanteur au raï marocanisé. «Je m'étais dit "c'est l'occasion ou jamais". J'ai vécu sept ans sans papiers. C'était très dur.» Dans ces années noires, les patrons de cabaret renâclent à embaucher le sans-papiers.

«Je n'aimais pas le raï. J'aimais le style marocain et les chansons des comédies musicales indiennes», confie Bilal pour qui l'adolescence se passa à imiter les groupes marocains Nass El Ghiwane et Jil Jilala, Beatles et Stones du Maghreb dans les années 70. «Pour moi, un chanteur de raï c'était bas. Et puis, il y avait la famille..», dit Cheb Bilal, débarqué à Oran deux mois après sa naissance, le 23 juillet 1966 à Cherchell, port romain près d'Alger.

«Comme tous les gosses, je chantais dans la rue avec les copains, en tapant sur le rideau baissé des boutiques. A 12 ans, mon premier groupe s'appelait El Aouhar et imitait les Nass El Ghiwane, Jil Jilala, Lemchahab. On jouait gratuitement dans les mariages, les petites fêtes de quartier, avant de remporter en 1987 le premier prix d'un concours de chanson maghrébine à Oran.»

Social. Le groupe dissous l'année suivan