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Libération

La cithare, plus fort que la techno

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Préférant l'acoustique, Félix Lajko a retenu la leçon des DJ.
publié le 9 décembre 2000 à 7h44

Ces dernières années, les samples ont permis de recycler des grooves organiques, de grandes voix, et, aujourd'hui, sans être musicien, on peut faire de la musique (plus ou moins). Mais recycler n'est pas jouer; où sont les James Brown, les Jimi Hendrix de la nouvelle génération? Ils sont sûrement en route, ils seront peut-être malgaches ou hongrois.

Rage. Très jeune, Félix Lajko a été reconnu en Hongrie comme un grand violoniste. Il faut le voir jouer. Il faut voir la rapidité de ses traits, la rage de ses attaques. Il faut écouter le train de ses grincements, ses halètements de locomotive, ses friselis de ruisseau.

Comme sa génération, Lajko s'intéresse au son. S'il est revenu à l'acoustique, après une escapade chez les DJs, c'est en ayant retenu leurs leçons. Au fond, la transe répétitive des beats techno n'est que la pâle copie des pulsations d'un orchestre tsigane. Les gifles suraiguës de la cithare cinglent autant les oreilles qu'un remix d'Adrian Sherwood. La contrebasse se met en boucle aussi efficacement qu'un quelconque clavier au protool.

Dans sa façon d'accrocher imperceptiblement la corde pour ne produire que la crête d'un son, il y a quelque chose des «fantômes de son» recherchés par les mixeurs allemands. Rien de nouveau sous le soleil. Toute l'approche physique des «nouvelles musiques» était déjà dans les anciennes; elles soulageaient les femmes en couches, elles réveillaient les morts. Comment retrouver le populaire, l'organique ?

Risques. Lajko est sur la voie.