Stockholm envoyée spéciale
Dans la grande salle gris et or de l'Académie suédoise, ce jeudi 7 décembre à 17 h 30, tout s'est passé comme d'habitude depuis 1901. Devant quelques centaines de journalistes, photographes, officiels suédois et invités du monde entier, dont la ministre française de la Culture, Catherine Tasca, le secrétaire perpétuel de l'Académie, le juvénile Horace Engdall (51 ans), a fait une courte présentation, en suédois, du lauréat du prix Nobel de littérature, Gao Xingjian, Français d'origine chinoise. Gao est ensuite monté sur une petite estrade, il a posé les 15 feuillets de son texte entre le vase de tulipes rouges et la carafe d'eau et, pendant quarante minutes, il a lu, en chinois, le discours qu'il avait préparé.
A l'entrée, on avait distribué le texte aux invités et ils pouvaient donc le lire en français, en suédois, en anglais et en chinois. Le prix Nobel avait commencé à parler depuis cinq minutes à peine, quand quelques-uns des Chinois de Taiwan et de Hong-kong présents ont applaudi. Gao venait de dire: «L'écrivain ne s'exprime ni en porte-parole du peuple ni en incarnation de la justice»; sa voix est forcément faible, cependant c'est précisément la voix de cette sorte d'individu qui est authentique.
La suite s'est passée sans réactions particulières, même quand Gao a lancé ses critiques les plus dures contre le régime chinois (lire ci-contre). Lorsque le lauréat a achevé son discours, il a été très applaudi par une salle chaleureuse, et on sentait