Gao Xingjian accuse le pouvoir communiste chinois de tentative de meurtre contre la culture chinoise (lire ci-contre). Comment, en effet, interpréter autrement la grande entreprise maoïste d'annihilation des intellectuels ceux que Mao appelait «la neuvième catégorie puante»? Comment qualifier autrement la décision lunatique, prise par Mao dans les années 70, de déporter en masse tous les intellectuels du seul fait qu'ils étaient intellectuels (plus de 20 millions de personnes furent touchées).
«Expédition punitive». «Cette déportation, explique Simon Leys dans l'Humeur, l'honneur, l'horreur (Laffont, 1991), n'a probablement pas d'équivalent dans l'histoire si l'on excepte bien entendu, la déportation des juifs européens par les nazis, et celle de la population éduquée des villes cambodgiennes par les Khmers rouges...» Cette «expédition punitive menée contre la culture» a laissé de profondes séquelles.
Comment ne pas constater qu'aujourd'hui encore, dans le domaine du cinéma, la plupart des films chinois de qualité, ceux primés à Cannes notamment, sont soit taiwanais, soit hongkongais; et lorsque ceux-ci sont de réalisateurs continentaux, c'est, la plupart du temps, qu'ils sont produits à Hong-Kong, Taiwan ou à l'étranger et généralement censurés par Pékin.
La littérature chinoise commence elle aussi à peine à se relever de ce grand traumatisme dont les proportions terrifiantes paralysent l'imagination. Ecoutons là encore Simon Leys décrire ce que furent presque trois déce