Le parti pris se veut provocateur: dans l'exposition «Ecole de Paris», qui réunit plus de quatre-vingts artistes, ne figure pas d'oeuvre signée d'un Français. L'idée se justifie par l'appellation éponyme («Ecole de Paris») accolée, en 1932, à la salle 14 du «musée des Ecoles étrangères» au Jeu de Paume, où était rassemblé un patchwork de peintres et de sculpteurs de toutes origines ayant fait le voyage obligé à Paris, à l'époque capitale de l'art vivant. Paris, alors, égalait Ville Lumière, pour Picasso, Chagall, Modigliani, Van Dongen, Foujita, Soutine, Brassai, mais aussi Chana Orloff, Alice Halicka, Maria Blanchard, Romaine Brooks, Sonia Delaunay, Berenice Abbott, Gertrud Stein et Alice B. Toklas... La liste s'allonge ad libitum.
Des peintres et des sculpteurs des deux sexes, mais aussi des collectionneurs, des marchands, toutes natio nalités confondues, sont ainsi arrivés dans la métropole par excellence, pour apprendre ou pratiquer un art qui soit inter national. Le terme d'«école» est ici à prendre dans tous les sens du terme, Paris fournissant son contingent d'académies privées (ouvertes aux femmes).
Repli dès 1924. C'est cela même que Paris a oublié, se fermant, avec des prémices inquiétantes dès 1924, aux étrangers, devenus vite des «races étrangères» et un peu plus tard, des «métèques» et des «antifrançais»; le mouvement suscita notamment les éructations de l'ignoble critique (d'art) Camille Mauclair. Perdant peu à peu son avantage progressiste, l'Ecole de Paris alla