Un soir de la semaine dernière, Ramon Valdes (surnommé Bebo depuis l'enfance) jouait dans un restaurant proche de la place de la Bastille, à Paris, lors de la soirée de lancement du documentaire Calle 54 (Libération du 13 décembre). Dans cet hommage aux grands du latin jazz, les meilleurs moments sont ses apparitions au piano, d'abord en duo avec le contrebassiste Cachao, puis à deux pianos avec son fils Chucho.
A 82 ans, Bebo Valdes a le pas alerte, le regard scrutateur, la mémoire intacte. «Je suis né à Quivican, à une quarantaine de kilomètres de La Havane, le 9 octobre 1918. Chucho, mon premier fils, est né le jour de mes 23 ans, dans la même maison, et son premier est aussi né le jour de ses 23 ans.» Bebo ne connaît pourtant pas ce petit-fils.
Parenthèse cubaine. Depuis qu'il a pris la route de l'exil en 1960, il n'est jamais revenu sur l'île où il était considéré comme un compositeur, arrangeur et chef d'orchestre de premier ordre. Après un passage au Mexique, puis en Espagne, il est arrivé en 1963 à Stockholm. «C'était l'été, le soleil ne se couchait pas. J'ai rencontré Rosemarie et nous nous sommes mariés. C'était la troisième fois pour moi, et ça a été la bonne. J'ai deux fils de 35 et 31 ans et deux petits-enfants, regardez.» Sortant son portefeuille, il montre la photo de deux petites métisses avec des rubans dans les cheveux.
A Cuba, Bebo avait laissé plusieurs enfants. L'aîné, qu'il avait formé et fait débuter dans sa formation Sabor de Cuba, il ne l'a revu qu'en 1