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Libération

Blain ainsi soit-il.

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L'acteur et cinéaste est mort hier à 70 ans.
publié le 18 décembre 2000 à 8h09

Gérard Blain est mort, hier matin, d'un cancer. Il était âgé de soixante-dix ans, on le disait malade depuis longtemps et lui-même n'a-t-il pas souvent répété ces temps-ci qu'il «allait crever bientôt». Au mois de mars, on pouvait deviner dans le plan d'un cercueil au fond du trou qui ouvrait son dernier film, une signature d'ores et déjà testamentaire. Le film s'appelait Ainsi soit-il. «Je suis hanté par la mort, ce film plus encore que les précédents, est construit sur mon enfance, sur mes premiers contacts très difficiles avec les adultes que je haïssais. Je n'ai pas eu une enfance normale, je garde une blessure qui ne s'est jamais refermée... Rage, révolte, rébellion, je ne sais pas faire autre chose», disait-il à Libération le 29 mars.

Scénario posthume. Catafalque filmique? C'est aussitôt oublier que Gérard Blain, qui n'aimait rien tant que réfuter les clichés dans lesquels la critique l'emprisonnait, refusait cette complainte, travaillait ses angoisses à l'énergie du désespoir, jouant le contre-la-montre avec la maladie en achevant au printemps la réécriture d'un scénario qui restera posthume, l'histoire d'un jeune garçon qui scelle en Italie les retrouvailles avec une mère actrice. Un projet intitulé Profession: star.

Star, Blain en était-il une lui-même? Enfant de Montrouge abandonné par son père, ancien lad d'écurie, figurant occasionnel («J'avais un physique gentil»), celui qui fut repéré accoudé au zinc d'un bistrot des Champs-Elysées par la paire Duvivier-Gabin qu