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Libération
Enquête

Paris sur squats

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Fatigués de déménager tous les six mois, les artistes squatters installés dans des lieux à l'abandon réclament une intervention publique pour que des baux précaires leur soient consentis.
publié le 19 décembre 2000 à 8h14

«Ici, nous sommes dans l'ancienne salle de classe de l'acteur Robert Manuel», dit Pedro, plasticien, en montrant une chambre-atelier du squat de la rue Blanche, dans le IXe arrondissement. «On ne peut pas occuper cette maison comme une friche industrielle. Il y a toute une histoire qui nous imprègne», renchérit Momo Basta, vidéaste. L'hôtel de Choudens, qui depuis 1942 abritait la célèbre école de théâtre, est abandonné depuis trois ans à l'humidité et au pillage. Le Collectif 21 Label-Grange (15 artistes expulsés du squat de la Grange-aux-Belles, dans le Xe arrondissement en juin dernier) occupe cette demeure depuis le 13 octobre. Ils travaillent et vivent là sans eau, délogeables à tout moment. Ces plasticiens et acteurs interpellent aujourd'hui directement la mairie de Paris (propriétaire) et l'Etat (1). Ce dernier-né des collectifs artistiques parisiens s'insère dans une fronde obstinée qui, d'occupations en expulsions, a rebondi dans une multitude de lieux en vingt ans. Pour la première fois, l'Etat semble aujourd'hui rechercher des solutions concrètes.

La forme de ces espaces patchworks alternatifs s'est largement faite à l'initiative, en 1981, du groupe Art-Cloche: un squat en forme de collage «socio-artistique» qui se réclamait de Duchamp et qui a attiré dans sa démarche iconoclaste ­ «réinventer, c'est faire de la casse» ­, des artistes comme Joseph Beuys et Jean-Pierre Raynaud, ou Coluche. Et depuis le squat de la Bourse, en 1999, situé face au temple capitaliste, c