On va sûrement dire que Mehdi Charef exagère. Que ça n'est plus possible, voire que ça commence à nous déprimer toutes ces histoires de travail au noir, de sans-papiers, d'exploitations afférentes et de harcèlement sexuel au boulot. Et puis que, merde à la fin ! La crise est finie, les start-up sont au top fun et le SDF en tête de la shit-liste. Mais comme Mehdi Charef n'est dans aucun mouvement de mode, ce genre d'humeur positiviste lui est étrangère. Il persiste, au bras de Marie-Line et sur un air de Joe Dassin : «On ira, où tu voudras quand tu voudras...» C'est-à-dire dans un supermarché où règne de nuit une sacrée garce : Marie-Line, la quarantaine informe, responsable d'une unité de nettoyage, qui tyrannise les femmes de ménage.
On sait que le jésuitisme des catégories socioprofessionnelles exige que l'on dise désormais «technicienne de surface». Va pour technicienne de surface, car Marie-Line, qu'on découvre dans les rayons de son royaume, trônant sur une sorte de lessiveuse motorisée, s'y connaît effectivement en surfaces. Du genre à détecter la poussière derrière les packs de Pampers Super-Plus. Le spray antibactérien est son arme, et la chiffonnette son idéal.
Jardin secret. Mais il y a des poussières et des traces de gras que Marie-Line a beaucoup plus de mal à effacer de sa vie : son HLM, son mari inscrit au Front national, sa fille qui s'incruste, le bébé de celle-ci qui pigne et son petit chef qui, pour une pipe de plus, lui assure la promo. Rien de spécial. Sa d