Professeur d'histoire de l'art à l'université de Boston (Etats-Unis), Kim Sichel aime les photographes français. Pour preuve, sa thèse de doctorat sur l'image de Paris entre 1928 et 1934, avec, dans les rôles principaux, Man Ray, Brassaï, Kertész et... Germaine Krull, cette «femme libre du XXe siècle», qu'elle a rencontrée en 1984, en Allemagne, à Weztlar, un an avant sa mort. Kim Sichel a écrit le texte du catalogue (1) qui accompagne l'exposition conçue par le Museum Folkwang d'Essen (Allemagne) et le Centre Georges-Pompidou, via le musée d'Art moderne.
Vous la voyez comme une photographe ou une artiste?Les deux. Maintenant, on doit être l'un ou l'autre, mais elle, elle ne divise pas, elle est à la fois une artiste et une photographe commerciale, sans aucun problème. La photographie lui permet de continuer à voir le monde, n'oubliez pas qu'elle est née dans une famille d'excentriques si l'on peut dire, elle n'est jamais allée à l'école, elle suit ses parents, qui voyagent en Europe. C'est une jeune fille audacieuse, qui a les pieds sur terre, pas du tout une intellectuelle.
Mais une militante de la première heure...C'est vrai, à Munich en 1918, elle fréquente des marxistes intellectuels proches du cercle de Walter Benjamin. Elle est à Moscou en 1921, mais trop à gauche pour Lénine, elle sera même expulsée d'URSS comme «agitateur antibolchevique». Pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle rejoint les forces alliées et immortalise de Gaulle avec lequel elle se fâchera plus t