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Libération

Krull, des clochards à de Gaulle.

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publié le 21 décembre 2000 à 8h22

Parce qu'elle a préféré la vie à une carrière photographique, Germaine Krull (1897-1985) reste encore peu connue en France. Bonne idée, donc, que cette rétrospective venue du musée Folkwang d'Essen (Allemagne) où sont déposés ses archives et manuscrits depuis 1995, et qui redonne tout à coup une identité visible à une photographe devenue si discrète qu'on aurait pu la croire oubliée.

C'eût été dommage. Car, à défaut d'avoir laissé une oeuvre mémorable, elle a su produire dans les années 30, notamment en France, une série de photographies extraordinaires, comme surgies des entrailles de l'oeil, qui vont progressivement aérer le champ postpictorialiste de la photographie, lequel en avait grand besoin.

Vision révélatrice. Que retenir aujourd'hui de Germaine Krull? Métal, répond d'un trait Alain Sayag, conservateur au musée d'Art moderne, cocommissaire avec sa collègue Ute Eskildsen, de cette exposition itinérante, qui voit en elle «l'un des parangons de la modernité». Comme son titre l'indique, Métal, paru en 1928, regroupe tout ce qui, du pont suspendu de Rotterdam aux rails du métro parisien, s'accroche à mettre en lumière cette esthétique glorieuse et étincelante avec, comme vision révélatrice selon Krull elle-même, les grues aperçues dans le port d'Amsterdam, alors qu'elle se promenait, et qui lui paraissaient danser dans les airs.

A ces visions topographiques, l'on pourra ajouter de l'humain. Notamment les nus de ses débuts, à Berlin, qui surprennent par leur grâce paresseuse