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Libération
Critique

Dans l'intimité de Pasolini.

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publié le 22 décembre 2000 à 8h24

Il y a d'abord cette série de plans rapprochés: Pasolini filmé en noir et blanc à la fin des années soixante, lors d'une interview, impeccable avec sa cravate sombre et son costume clair, l'un des plus beaux hommes qui soient, visage tout en angles, élégance et tourment. Plusieurs minutes durant, les spectateurs du Théâtre de la Bastille n'ont en face d'eux que ces images muettes sur un écran, tandis que l'actrice s'échauffe dans la pénombre, avant de prendre le relais: une petite heure avec Pasolini, de l'autoroute qui le ramène de l'aéroport de Fiumicino, où il vient de déposer Moravia, à la plage d'Ostie où il lit L'Espresso et où il trouvera la mort, en passant par le Frioul de son enfance.

Evocation. Le metteur en scène Dominique Féret a imaginé ce bref parcours entre poèmes, journal, textes courts. Son évocation ne s'embarrasse pas de chronologie, ce n'est pas un portrait, cela ressemble plutôt à un livre que l'on feuillette devant quelques amis et dont on lirait des extraits à haute voix. Dans cette intimité pasolinienne, la comédienne Sarah Chaumette n'usurpe pas sa place. Elle a été de toutes les aventures que Stanislas Nordey a nouées avec le théâtre de Pasolini, depuis Bêtes de style. Dans Pylade, elle a joué à elle seule les Euménides, avec un mélange de détermination et de paix.

Tension. Elle a pour dire les mots du poète deux qualités que l'on rencontre rarement réunies: un don de clarté, le goût de faire résonner les syllabes et de tout faire comprendre, et une