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Libération

Et le théâtre a pris la clé des champs.

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Jean Danet quitte les Tréteaux, et quarante ans de vie nomade.
publié le 22 décembre 2000 à 8h24

Sur la plaquette un peu défraîchie des Tréteaux de France, une photo détourée de Jean Danet. Le jeune acteur embrassant fiévreusement Silvia Monfort domine un extrait des Contes des mille et une nuits: «Je voudrais, dit un Sultan des Indes à la fée Pari Banu, que tu m'apportes une tente qui soit assez légère pour qu'un homme puisse la porter au creux de sa main et assez grande pour contenir toute ma cour, mon armée, mon campement.» Le chapiteau et les semi-remorques sont mis sur la route en 1960, sous l'impulsion et la direction de Jean Danet, qui laissera sa place, le 1er janvier, à Marcel Maréchal.

Durant ces quarante années, l'orbite n'a pas dévié: une vaste ellipse dans les terroirs de France portant le théâtre classique aux portes des villages et des champs. Danet aurait pu choisir une vie de cinéma, avec sa gueule de jeune premier. Il préfère serrer le volant des camions, pour plusieurs tours du monde kilométriques. Peu de haltes, hormis celles d'un jour à peine, dans un pré, sur un parking ou un terrain de boules. A Marchecoul, Clisson, ou Loches, les techniciens arrivent dans la nuit, le chapiteau est dressé à midi et le spectacle a lieu le soir. Le Cid de Corneille, l'Otage de Claudel, La guerre de Troie n'aura pas lieu de Giraudoux, le Bourgeois gentilhomme... Tous joués en boucle au rythme de deux spectacles par saison, avec ces costumes qui en font des ton nes, ces accents de voix hautement placée, ces déclamations sans micro et ces larmes feintes «des fanas de l'