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Libération
Critique

Déculottée soviétique.

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Les dessous exposés à Saint-Pétersbourg témoignent de la pauvreté d'une époque, entre honte et nostalgie.
publié le 25 décembre 2000 à 8h29

Saint-Pétersbourg envoyée spéciale

Mémoire du corps ­ Lingerie de l'époque soviétique. Forteresse Pierre et Paul, courtine Nevski du Musée national historique, jusqu'au 31 janvier.

A Nijni-Novgorod, salle des expositions centrales, du 2 au 25 février.

Saint-Pétersbourg

envoyée spéciale

Etait-ce Yves Montand ou Gérard Philipe? Avec le temps, plus personne n'est vraiment sûr. Au lendemain de la mort de Staline, un de ces deux artistes français se rend en Union soviétique. Il en revient chargé de lingerie féminine. A Paris, les commentaires vont bon train sur ces soutiens-gorge en satin rigides et les «pantalons courts» en jersey aux couleurs criardes servant de culotte aux femmes soviétiques. Katia Diogot, critique d'art moscovite, et Ioulia Demidienko, collectionneuse de sous-vêtements soviétiques et conservatrice au Musée russe de Saint-Pétersbourg, offrent depuis début novembre à un public médusé la première mise en image de l'élément le plus concret de la période soviétique: ses dessous. Au Musée national historique, caleçons usagés, culottes asexuées et autres maillots de corps rapiécés provoquent «une analyse du passé, et une relation réaliste de chacun avec ce passé».

Vie privée. «Les dessous sont la dernière frontière entre l'homme et le pouvoir, affirme Katia Diogot, commissaire de l'exposition. Nous voulions montrer l'URSS sans mettre l'accent sur son idéologie, mais plutôt sur les bas-fonds de sa vie quotidienne.» Selon la critique d'art, l'économie socialiste produisait