«Tranquillement assis au pays de mes son-ges», «allongé en service de soins intensifs», «nouveau-né, encore incapable de contrôler les fonctions de mon propre corps», «vieux, trop vieux»... les premiers paragraphes d'Ocean of Sound offrent un écho saisissant aux pages proustiennes où le narrateur de la Recherche du temps perdu, lové dans son lit à baldaquin du Grand Hôtel de Balbec, écoute la rumeur de la plage et des vagues, la musique des fanfares et des voix, déjà perçues comme nimbées de reverbs électronique.
Kraftwerk et Davis. Curieusement, dans l'index, on ne retrouve aucune trace de Proust. Tant pis, le livre de David Toop paru en Angleterre en 1996 et enfin traduit en français (par Arnaud Réveillon), est l'un des plus stimulants et hors normes qu'on puisse lire si l'on s'intéresse au son. Non seulement à la musique sous toutes ses formes mais aussi aux bruits quotidiens, au silence, aux effets et perturbations acoustiques entraînés par l'invention des synthétiseurs et des logiciels, aux questions complexes des rythmiques fondamentales (du type mantras) et à «la part incorporelle de l'humanité».
Sous-titré «Ambient music, mondes imaginaires et voix de l'éther», Ocean of Sound dépasse le cadre des études pop-rock habituelles, mais n'entre pas pour autant dans la catégorie de l'étude de «musicologie». Brassant dans un savant désordre des développements sur Debussy et la musique balinaise, Kraftwerk et la force spéculative des machines, Stockhausen et Miles Davis, sautant