Menu
Libération
Critique

«Hamlet» et vidéos.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 décembre 2000 à 8h33

C'est entre les présentoirs d'un magasin vidéo, à New York en l'an 2000, qu'Hamlet se pose la question d'«être ou de ne pas être», et de savoir s'il ne serait pas plus simple de braver l'angoisse d'un coup de pistolet. Il a répété le geste, s'est filmé au bord de l'accomplir. En vidéo. Ainsi, d'un doigt pressé sur une gâchette, conjurerait-il «la terreur de quelque chose après la mort, contrée inexplorée, dont la borne franchie, nul voyageur ne revient». Les mots de Shakespeare, en boudeuse sourdine, franchissent les lèvres d'un garçon qui ne quitte guère un bonnet de laine bleutée, lui donnant l'air de ce qu'il est: un personnage encore adolescent incarné par Ethan Hawke, comédien de moins de 30 ans, apparu dans le Cercle des Poètes Disparus en 1989 et jouant souvent au théâtre. Détacher ces verbes-là, il sait; et ne se prive de les catapulter avec une nonchalance calculée: «Mourir, dormir; dormir, rêver peut-être.»

Les vrais mots. Voilà donc encore un Hamlet adapté à l'écran. Scénarisé et réalisé, celui-ci, par Michael Almeyreda, dont le nom pointa aux Etats-Unis avec Another girl another planet, romance tournée en caméra vidéo d'enfant de marque Fisher Price. Almeyreda en tient pour les petits budgets et n'hésite pas à s'en référer «modestement» (sic) à Orson Welles tournant son Macbeth en vingt et un jours... Qu'importe si Hamlet est devenu héros de films plus de quarante fois depuis 1900 où Sarah Bernhardt, fleuret en main, ouvrit la voie, muette. Sans reparler de Lauren