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Libération
Critique

La vie à quatre voix.

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«Après la réconciliation» ou comment douter ensemble selon Anne-Marie Miéville.
publié le 27 décembre 2000 à 8h33

Le cinéma d'Anne-Marie Miéville n'a jamais hésité sur ce point : il parle de nous. Sous la forme du je (Mon Cher Sujet), du il ou elle (Lou n'a pas dit non) ou vraiment de nous-mêmes, comme avec son précédent film, Nous sommes tous encore ici. Elle revient Après la réconciliation, et cette paix retrouvée n'est pas plus celle d'un couple en crise que celle d'un pays en guerre. C'est celle du genre humain, qu'il est en effet urgent de réconcilier avec lui-même, en espérant qu'il se ressemble enfin un peu.

Qu'il ressemble à quoi ? Peut-être au quatuor qui habite le film et qui forme tout son objet. Quatre animaux civilisés mais chamailleurs ; deux femmes et deux hommes engagés dans une amitié exigeante et légère, où ils se disent leur fait avec tendresse et humour, vaquent à leurs occupations dialectiques comme si l'axe du monde en dépendait et ne font rien d'autre que bavarder, ce qui est un premier pas pour penser puisqu'on ne saurait philosopher tout seul dans le silence.

Partie-partition. Pourtant, il y a autre chose sur quoi ce quatuor s'accorde, tacitement pourrait-on dire, même si le film ne parle que du pouvoir du verbe ; une harmonie acquise entre ces musiciens qui, sinon, ne se retrouveraient pas sous nos yeux pour jouer leur partie-partition. Cette entente qui se passe de mots, c'est une conscience en même temps qu'une expérience de l'existence, un goût puissant et moteur pour la vie telle qu'ils l'entendent. Une fureur de vivre, en somme, qui les fait se tenir ensembl