La Saison des hommes
de Moufida Tlatli, avec Rabiaa Ben Abdallah, Sabah Bouzouita, Ghalia Ben Ali; 2 h 04.
Malgré la promesse de son titre, les hommes ne peuplent guère le second film de Moufida Tlatli (le premier, les Silences du palais, est sorti en 1994). L'essentiel de la Saison des hommes se déroule en effet hors saison, durant ces onze mois pendant lesquels une communauté de femmes attend avec langueur le retour des époux, partis à Tunis faire marcher leur commerce. Aïcha est de celles-là, qui a épousé Saïd, lui a donné deux filles, ce qui lui vaut l'opprobre familial, et se retrouve abandonnée à Djerba avec de sa dictatoriale belle-mère. Elle veut rejoindre Saïd à la ville, qui pose une condition: Aïcha doit d'abord mettre au monde un fils.
Trames. L'originalité du film tient à sa composition filandreuse. Cette lutte fébrile et quotidienne d'Aïcha pour élever seule ses filles, ne pas se soumettre à l'autorité de sa belle-mère et rejoindre son mari, n'est pas racontée de façon linéaire. Le film est un écheveau complexe, à l'image de ces trames de tapis qu'Aïcha tisse de scènes en scènes, coriace Pénélope qui, plutôt que d'attendre son Ulysse, travaille en sous-main à le rejoindre.
Les fils de l'histoire se croisent et enchevêtrent savamment le passé et le présent. Les efforts d'Aïcha pour regagner Tunis nous paraissent d'autant plus vains que, dès les toutes premières minutes du film, nous savons qu'elle a accouché d'un fils, qu'il est autiste et qu'à Tunis, face à cette n