Oslo envoyé spécial
En pleine trêve des confiseurs, les Norvégiens ne parlent que du conte de fées moderne qui agite leur pays nanti. Le prince héritier Haakon, 27 ans, fils du roi Harald et de la reine Sonja, vient de se fiancer avec Meete-Marit Tjessem Hoiby, 27 ans elle aussi, roturière et fille mère (d'un petit Marius), rencontrée en juillet au festival de rock de Kristianstad, ville natale de la Cendrillon scandinave.
Traumatisante pour n'importe quelle autre monarchie, la nouvelle n'est pas pour surprendre les sujets d'un souverain atypique, qu'il n'est pas rare de croiser dans un restaurant exotique ou dans un wagon de tramway. Et si la population s'est d'abord émue d'apprendre que le père de Marius (dont on sait que, quoi qu'il arrive, il ne montera jamais sur le trône) possédait un casier (violences, abus d'alcool, usage de cocaïne) alors que sa mère fréquentait volontiers les rave-parties clandestines, depuis que la télévision nationale a montré le preux Haakon, genou à terre, demandant la main d'une Mette-Marit rosissante d'émotion, un sentiment général de bienveillance prédomine.
Largeur d'esprit. La Norvège est ainsi: paisible, tolérante, réfléchie. Et la majorité de ses habitants, tout en donnant l'impression fâcheuse d'être repliée sur elle-même (ce qu'on appelle ici «le syndrome fjordien»), fait souvent preuve d'une étonnante largeur d'esprit. «Les musiciens du cru sont effectivement très ouverts; confirme Bugge Wesseltoft, pianiste, et gloire locale, à bouille