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Libération
Critique

«Joyaux» monté en bijou.

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publié le 30 décembre 2000 à 8h38

Joyaux

par le ballet de l'Opéra national

de Paris, chorégraphie

de George Balanchine, musiques

de Fauré, de Stravinski, de Tchaïkovski, au palais Garnier, Paris IIe, 19 h 30; dernières samedi et dimanche; tél.: 01 44 73 13 00.

«Verde, que te quiero verde», le vers en ritournelle du poème de Garcia Lorca ­ «Vert, que je t'aime.. vert» ­ cette ode à la couleur verte, vient à l'esprit lorsque paraissent, en longs tutus «vert Nil» avec corselets de satin incrustés de cristaux verts, les danseuses de l'Opéra. Leurs comparses sont en pourpoint de velours non moins Nil, et non moins chatoyant: d'un vert d'abysse ou ­ comme on dit en mer, parfois, lorsqu'on le voit ­ de rayon vert .

Douceur fluide. C'est avec Emeraudes que le charme éternel du chorégraphe Balanchine, toujours radioactif même si mort depuis 1983, commence d'opérer. Musique de Gabriel Fauré: un extrait, lent et un peu sourd, délicatement gourd, de son Pelléas et Mélisande, où alternent vertige mélancolique et pavane défunte, comme aurait pu dire Baudelaire, parlant de valse en intervertissant les mots, et qui demandait à sa douleur de se tenir «sage». Ainsi débutait donc la soirée de toute beauté intitulée en anglais Jewels, en français Joyaux.

Sur la première toile de fond se détache comme en suspens liquide, l'agrandissement géant de telle gemme extraite des mines de Colombie: translucidité verte aux contours obliques sur cyclo de songe flashé. Ainsi, en douceur fluide, entre au répertoire de l'Opéra de Paris un triptyque