Et si les nuages faisaient grève? On n'ose imaginer la pluie de retombées. La météo se verrait acculée au chômage technique, les poètes y perdraient leur latin, les avions s'ennuieraient, les nuées seraient toutes nues. On peut vivre sans dessus dessous, sans vergogne, sans un sou, on ne saurait vivre sans nuages. «Une crise mondiale des nuages aurait de très graves répercussions, tant sur la nature que sur les psychés. Sans parler de ses conséquences dévastatrices pour l'industrie du parapluie (voire des couvre-chefs) et la production des semences!», écrit Toni Maraini en introduction au merveilleux livre de Fosco Maraini (son père? son double?), le Nuvolaire, suivi de ce sous-titre savant: «Principes de nubignose».
Science et imagination. Ne cherchez pas ces mots rares dans les dictionnaires: ils sont les agents de liaison d'une poétique des nuages dont cet opuscule étage les bonheurs dans une rêveuse taxinomie, assortie d'une érudition profonde et vagabonde. Bref, c'est là l'un de ces livres inclassables tombés du ciel, aussi fuyant que le sujet qu'il cerne, insaisissable autant qu'indispensable, célébrant un mariage d'amour de la science et de la poésie, du vraisemblable et du possible, sous les auspices d'un observateur alangui; un truc extra.
Les cirrus et autres cirrostratus ont été le fruit d'une classification des formes de nuages décrétée à Paris en 1956, lors d'un congrès de l'Organisation météorologique mondiale. Toni Maraini fait, lui, état d'un autre congrès qui