Si l'on devait juger un film en fonction de l'adéquation parfaite entre son sujet et l'effet qu'il produit, alors assurément Dr T. et les femmes de Robert Altman est un chef-d'oeuvre. Brocardant l'univers de la haute société ultrafriquée de Dallas, le film laisse une impression tenace et sinistre de vacuité. Altman se déchaîne en pure perte sur un sujet qui ne devrait, si tout va bien, intéresser absolument personne, à savoir les affres sentimentales, sexuelles, psychologiques, de femmes tellement pétées de thunes qu'elles ne savent plus quoi faire d'elles-mêmes, de leur garde-robe et de leur vocation de perruches.
Misogyne. Pour les assister dans ce lent supplice de la féminité en pays pétrolifère, le Dr Travis (Richard Gere), gynécologue, le voit défiler dans son cabinet, qui devient le rendez-vous de toutes les névrosées de la région. La propre femme de Travis ne va d'ailleurs pas très bien non plus, souffrant de troubles mentaux qui l'ont fait régresser en enfance. Pour faire bonne mesure au frou-frou suraigu qui encombre sa salle d'attente, Travis est montré à la fraîche avec ses potes, tirant des coups de fusil sur toutes sortes de volatiles, entre deux saillies sur le mystères des femmes, cet abîme... Après ça, est-il vraiment besoin de dire que Dr T. est un film d'une misogynie absolument effrénée. On sait aussi que ce genre d'acrimonie peut donner lieu à des films très drôles quand c'étaient Hawks ou Cukor qui s'y collaient. Les coups de pattes d'Altman sont nettem