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Libération
Critique

L'entre-deux mondes de «Samia»

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publié le 3 janvier 2001 à 21h27

Dans une cité parisienne un peu «chaude» (la Squale), au sein d'un gynécée tunisien retranché du monde (La saison des hommes) ou dans un quartier de Marseille (Samia), la place assignée à la femme par la cellule familiale arabe occupe l'actualité cinématographique. A tel point que Samia, la jeune héroïne du nouveau film de Philippe Faucon, semble même la petite soeur cinématographique d'un des personnages de la Squale. Elle aussi en butte à l'autorité d'un grand frère brutal sous l'oeil complaisant d'une mère soucieuse que ses filles se soumettent aussi à la parole masculine. Les personnages se ressemblent, mais les deux films divergent.

A l'esthétisme mode de la Squale (hip-hop et glamour), Philippe Faucon préfère un naturalisme plus classique, pas super-excitant sur le papier, mais auquel il confère, à force d'intelligence dans l'observation et de rigueur acérée dans le filmage, une grâce et une légèreté précieuses. Comme dans deux autres de ses films-portraits, Faucon parvient à cerner un petit bloc de singularité: une fille d'aujourd'hui irréductible à un profilage sociologique, un vrai personnage de cinéma.

Autorité fraternelle. Samia, donc, sixième d'une famille de huit enfants. En l'absence du père, le grand frère, au chômage, s'échine à maintenir entre les quatre murs de leur appartement les principes de domination masculine qu'on lui a inculqués. Mais les filles ne l'entendent pas ainsi. Elles veulent sortir, embrasser des garçons, fussent-ils Français de souche, port