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Critique

Espagnes rebelles. «La Gauche divine» ou l'insouciance révolutionnaire.

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publié le 4 janvier 2001 à 21h28

(envoyé spécial à Barcelone)

Pendant que l'Espagne des années 60 s'ennuyait à mourir sous un franquisme qui n'a que trop duré, un groupe de jeunes artistes et bourgeois vivant en Catalogne faisait la fête. Organisant des concours de madison, colonisant Cadaquès, visitant Dali à Port Lligat, découvrant les films de Luis Buñuel, faisant l'apologie de la démocratie. Ce groupe de bons vivants dans un pays sévère et triste, un journaliste, Joan de Segarra, l'appelle «la Gauche divine» (en français). «Et c'est devenu, raconte l'écrivaine Rosa Regas, le nom de ce mouvement», qui rassemblait des éditeurs (comme Josep Maria Castellet), des poètes et écrivains (Carlos Barral, Terenci et Anna Moix, Joan Marsé, Rosa Regas elle-même), l'historien du cinéma Roman Gubern, des acteurs, des top models (Elsa Peretti, Teresa Gimpera), des architectes (Oscar Tusquets, Ricardo Bofill).

Soirées déshabillées. Cette cohorte de fêtards démocrates mêle «le travail et le divertissement, le cosmopolitisme et la Costa Brava, l'irrévérence et les bonnes manières et le whisky et les glaçons», dit un de ses membres. Mais aussi les Catalans, les Espagnols et quelques émigrés latino-américains de gros calibre comme Gabriel Garcia Marquez et son copain Mario Vargas Llosa (devenu depuis son ennemi intime), et aussi José Donoso et Alfredo Bryce Etchenique. Pour couronner le tout, d'excellents photographes, Colita (Isabel Steva), Oriol Maspons et Xavier Miserachs appartiennent à cette Gauche divine et lui construi