Avec ce portrait du Mari de la coiffeuse, disons-le tout net, on passe un moment jubilatoire. Comme Jean, on ne rit pas à gorge déployée car on est bien élevés. Mais, avec son éternel air de ne pas y toucher, on réalise subitement que Rochefort et ses subtils aphorismes pourraient bien faire date. Le documentaire regorge ainsi de citations qui, même déclamées par l'acteur en total look gentleman-farmer, valent parfois Sacha Guitry. Jean Rochefort respire un flegme britannique paisible, du genre à sourire benoîtement en se brûlant les papilles sur son 5 o' clock tea. Pourtant, Jean Rochefort est français depuis 70 ans. Il rêvait de théâtre, il connaîtra à la quarantaine la consécration au cinéma. Il s'avoue «excessif pudique», et on s'en rend compte quand il évoque longuement «un copain» qui l'a sauvé du suicide après un échec au Conservatoire, le persuadant après deux longues heures d'argumentation de se présenter ailleurs. Quand on lui demande le nom du fameux copain, il regarde ses bottes et murmure «Marielle». L'ami de toujours et le partenaire occasionnel. Décidément, sans les autres, Rochefort serait-il arrivé jusqu'à nous ? Déjà en 1948, en pleine guerre froide, son père voulait l'envoyer faire de la compta à Paris. Lui avoua son désir d'être acteur. Le pater répondit, soucieux : «La guerre arrangera tout.» Doutes sur les capacités de fiston, amour excessif ? De toute façon, avec Rochefort, on ne sait jamais si c'est de l'art ou du cochon. L'homme est déstabilisant. Sa
Critique
Sir pince-sans-rire
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publié le 4 janvier 2001 à 21h28
(mis à jour le 4 janvier 2001 à 21h28)
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