Ici veillent des chevaux de Venise et des fauves de Libye, des héros, dieux et déesses, des sphinx et guerriers. Face au château de Versailles, dans la pénombre des anciennes écuries du roi, sous de hautes voûtes en pierres calcaires et briques rouges, se trouvent les vestiges du regard porté sur l'Antiquité du XVIIe au XXe siècle. Soit exactement huit cents pièces en plâtre, moulées à même les bas-reliefs et les statues antiques, alignées dans les trois galeries. Plus de mille autres sont entassées dans le capharnaüm de réserves dispersées dans les écuries royales. Un trésor caché depuis trente ans... par la faute de Mai 68. Dans l'urgence, on déménagea en effet cette collection de l'Ecole des beaux-arts de Paris et de la Sorbonne où elle venait de subir des déprédations. Ainsi du fronton d'Egine, seuls survécurent quatre éléments, dont l'un est en morceaux. Quelques statues portent encore trace de graffitis ou des coulures de peinture. Sur le torse du Laocoon aux prises avec un serpent géant avait été écrit: «arrêtez de me masturber, je suis crevé». Nettoyé pour être présenté à l'exposition du Louvre, le plâtre, dont l'encre a pu être effacée, conserve néanmoins l'inscription, gravée. Dans l'ensemble cependant, les pertes sont restées limitées. Et si aujourd'hui les collections s'abîment, c'est d'avoir été si longtemps oubliées dans cette réserve morte. Une partie du fonds du Louvre est en effet allée rejoindre dans les années 70 les écuries de Versailles, où elles se dété
Moules à la pelle dans les écuries de Versailles.
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par Vincent Noce
publié le 6 janvier 2001 à 21h32
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