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Libération
Critique

Beauvois, bien vu.

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«Selon Matthieu», vengeance sociale troublée et troublante.
publié le 10 janvier 2001 à 21h38

Selon Matthieu. Comme on dit selon moi. C'est-à-dire une manière partielle d'être au monde. Mais c'est heureusement plus compliqué. Moi est un autre, et Selon Matthieu brûle d'un incendie plus ravageur que le feu de paille qu'il allume au premier plan de nos yeux. Soit donc, apparemment, la modeste histoire de Matthieu, jeune homme rangé dans sa vie professionnelle (chargé d'informa- tique dans une grosse usine de n'importe quoi) et affective (petite amie, etc.). Mais Matthieu, comme vous et nous, est aussi une singularité irréductible à tout ce qu'on pourrait en penser. Ainsi il est indéniable que Matthieu est très beau puisque c'est Benoît Magimel qui joue le rôle et qu'il est notoire, moitié De Niro enfant, moitié Sean Penn jeune, qu'il a oublié d'être moche. Mais son entourage immédiat ne semble pas le remarquer.

Social-traître. Ce n'est pas son physique qui définit Matthieu mais plutôt qu'il est un gentil garçon, qu'il aime bien Francis, son père, ouvrier dans la même usine, ou Eric, son frère aîné (le sensationnel Antoine Chappey), ou sa maman, ou son patron. Ainsi, comme dans un rêve de consensus social à la Alain Madelin, il va entre hommes à la chasse au sanglier. Sous la tenue militarisée, leurs habits les font tous moines du même rite de virilité en pétoire. C'est ainsi qu'on découvre les hommes du film. Mais très vite ce n'est pas seulement la taille des calibres qui fait la différence mais la cylindrée des voitures. Le rapport humain est d'abord un rapport de cla