«Putain! Vous avez cassé le tempo. Un peu plus d'agressivité!», s'énerve Baby Lee, le plus frimeur de la bande. Ils sont quatre sur le toit d'une maison inachevée à répéter un rap sur leur petite condition d'ados oisifs, pauvres et rêveurs. Le premier veut devenir rappeur, le second, champion de boxe, le troisième, capitaine de bateau remorqueur et Mougler ne sait pas trop. Sa mère est malade, son père parti se bourrer la gueule dans les rues de Libreville, qui a gardé son architecture de gros bourg administratif colonial. Nous sommes au Gabon, un pays rarement vu dans le cinéma africain.
Les quatre lascars ont une quinzaine d'années et essaient, justement, d'avoir un peu plus d'agressivité pour chaparder un ghetto blaster au commerçant libanais du coin, les pneus d'un quelconque fonctionnaire occupé à besogner son «deuxième bureau» (sa maîtresse) ou les batteries dans une station-service. Les larcins tournent souvent en eau de boudin dans un Libreville sans visage, sinon celui d'une foule au visage moite, celui du ciment nu et des tôles rouillées de ces faubourgs populeux où vivent Mougler (le superbe David Nguema Nkoghe) et ses potes.
Candide et tragique. Dôlé est un drôle de film qui sait détourner le tragique en satire candide. Pourtant, la mort y rôde aussi. La mère (la sobre Marie-Françoise Mimbie) meurt faute de médicaments. Mougler n'a plus que ses amis pour famille. Reste la mer, l'Atlantique, pour continuer à rêver.
Le véritable prétexte qui met du temps à arriver