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Libération

Odes à l'oud.

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publié le 10 janvier 2001 à 21h38

Bacchantes gauloises et oeil bleu, Thierry Robin est fils d'agriculteurs de l'Angevin. Mais la véritable nature de cet homme du terroir reste le voyage. Métèque en son propre pays, quand la chevelure coule dans le cou et les rouflaquettes dévorent les joues, il devient romanichel et fixe obstinément le Levant, cette route imaginaire qui remonte de l'Andalousie au Rajasthan, traverse au sud l'Orient arabe et croise au nord l'Europe orientale. Il a parcouru, dans la réalité, ce chemin millénaire, parce que les gens du voyage seraient partis il y a mille ans du nord-ouest de l'Inde. «La musique, je l'ai apprise avec les Arabes et les gitans. Il n'y a pas de logique, c'est comme ça, depuis que je suis gamin», dit-il simplement. De ce mektoub, destin, Thierry «Titi» Robin en a fait un disque, son quatrième en solo, luxuriant, nourri d'impressionnismes catalan, tsigane, ottoman, indien ou chérifien du Maroc.

Maître. C'est en parcourant très jeune les rues d'Angers, que Titi est tombé ­ par hasard, dit-il ­ sur une musique de oud: «J'ai eu une émotion monstrueuse. Très vite, je me suis mis à en jouer.» A 42 ans, il est définitivement reconnu comme l'un des premiers virtuoses de ce luth aux onze cordes rondes et sensuelles, instrument roi de la musique arabe. Robin se reconnaît comme maître spirituel le défunt Munir Bachir, un temps ministre de la Culture du Saddam Hussein d'avant la guerre CNN, qui a fait du seul oud une musique de récital. Il y a un lustre ou plus, Titi en a joué e