Un Américain à la Cinémathèque française ? La nomination de Peter Scarlet, directeur du Festival de San Francisco, à la direction de l'institution fondée en 1936 par Henri Langlois (actuellement présidée par Jean-Charles Tacchella), en aura surpris plus d'un. Un paradoxe ? Pas tant que ça. La Cinémathèque, bastion d'influence des cinéastes français, n'a jamais défendu une conception chauvine de l'«exception culturelle». Au contraire. Henri Langlois cultivait les meilleures relations avec les cinéastes de Hollywood comme avec les représentants des majors, qui lui concédèrent de précieux dépôts pour ses collections. La Cinémathèque s'acquit, outre-Atlantique, un prestige immense. Les successeurs de Langlois (jusqu'à Dominique Païni, prédécesseur de Peter Scarlet) ont entretenu cet héritage, dans la gestion de la programmation et des restaurations des collections de la Cinémathèque.
A 57 ans, Peter Scarlet semble jouir d'une réputation de cinéphilie et d'ouverture à hauteur d'attente : New-Yorkais d'origine, il a enseigné l'histoire et l'esthétique du cinéma à l'université d'Etat de Californie, avant de devenir directeur du Festival international de San Francisco, en 1988. Chevalier des arts et lettres, il connaît bien la France pour y avoir, notamment, passé une année sabbatique (en 1966) et a personnellement fréquenté la Cinémathèque, à l'époque de la rue d'Ulm comme au palais de Chaillot.
Sa nomination (avec, à ses côtés, Catherine Gaston-Mahé comme directrice déléguée) ne man