Les acteurs, c'est au cinéma qu'il faut aller les voir. Que penser d'autre en poussant le tourniquet de l'hôtel Bristol, direction la sortie? Tom Hanks est là haut au troisième étage, promène son coca et son mètre quatre-vingt-dix, en plein exercice de promotion du film Cast Away. Il est aussi sur tous les Abribus, joues creuses et poilues d'un nouveau Robinson, dernière en date de ses performances d'acteur immense. En bas, sur le bitume des quidam, pupilles inquiètes de l'homme livré à lui-même sur une île déserte. La haut, tchatche et petit rire à l'américaine, regard assuré d'un bétonneur du box office. En bas, il est beau, en haut pas vraiment. En bas, l'homme est griffé par les vents, les arbres et la vie, en haut pas une éraflure. En bas, des bosses. En haut, plats et creux. Comme s'il ménageait sous sa peau tout l'espace qu'il faut au sauveur du soldat Ryan, à l'avocat séropositif de Philadelphie, au débile léger milliardaire. Son talent probablement vient de là: Tom Hanks prend la forme qu'on lui donne.
En gars tout simple, Il a posé ses deux oscars sur une étagère de sa maison de Los Angeles, au milieu des trophées familiaux. Performances d'acteur mélangés à celles des gamins nageurs et footballeurs. Il roule à l'ordinaire californien, body building excepté. Des débuts difficiles, de petits boulots en cours de théâtre et en mauvaises séries télé. Un mariage (deux enfants), un divorce, un mariage (deux enfants). Il vit sur le versant sage d'Hollywood, à distance des n