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Libération
Critique

Dans la peinture française du XVIIe, Dieu se devine

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publié le 16 janvier 2001 à 21h51

La France de l'édit de Nantes développa-t-elle un langage pictural spé cifique? Telle est, en résumé, la question que pose une passionnante exposition organisée à la villa Médicis par l'Académie de France à Rome. L'ensemble s'inscrit dans la lignée de l'exposition sur les représentations du Christ à la National Gallery de Londres (Libération du 11 avril); d'ailleurs, le directeur de la Gallery, Neil MacGregor, figure parmi les commissaires à Rome. Riche de multiples prêts, «Le Dieu caché» se concentre néanmoins sur la peinture française du XVIIe siè cle, plus exactement sur une période restreinte aux années 1630 à 1670, sur fond d'opposition à l'ultramontanisme (la stricte obédience romaine).

Effleurement. Le visage du Christ ou l'absence de Dieu: le thème est le même dans la mesure où, singulièrement en France, le dilemme de cette présence-absence se résout dans la figuration d'un Christ à l'humanisation réaffirmée. Adoptant un style sobre et dépouillé, d'une spiritualité intense, un courant de la peinture française se démarque alors d'un art plus décoratif et spectaculaire, italien ou espagnol.

L'exposition s'ouvre sur le Sommeil d'Elie par Philippe de Champaigne, où un ange effleure la tempe du prophète endormi tout en lui montrant du doigt la voie du mont Horeb. La verticalité de l'ange, les bras ouverts en forme de croix, repose sur l'horizontalité immobile d'Elie, le tout dans un dégradé de rose, rouge et bleu, les couleurs attribuées au Christ qui scandent l'exposition.