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Libération
Critique

Les zigzags de Jaz Coleman

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publié le 16 janvier 2001 à 21h51

Depuis les immenses fenêtres en ogive, la ville baignée d'un couchant byzantin évoque Constantinople, voire ce Caire aveuglant et secret dont Jaz Coleman restitua la magie au début des années 90. L'album, conçu en collaboration avec la violoniste Anne Dudley ­ de feu Art of Noise ­, s'intitulait Songs from the Victorious City. Mais on est ici à Prague, dans le loft ultradesign qu'occupe Jaz Coleman au sommet de la salle de concerts historique abritant l'orchestre symphonique de la ville. L'ex-leader de Killing Joke, groupe britannique à la rythmique à la fois funky et plombée fondé en 1978, qui fit grand effet avec le tube Love Like Blood puis son chef-d'oeuvre Brighter Than a Thousand Suns, a l'air cool avec son verre de vin rouge et ses cigarettes parfumées artisanales.

Hold-up. Il a réussi une reconversion invraisemblable ­ ou un hold-up, c'est selon ­ comme l'atteste le papier à en-tête de sa correspondance, notifiant «compositeur en résidence» au Symphonique de Pra gue. Qu'un orchestre de très relative importance (en comparaison avec les Philharmoniques de Berlin et Vienne) tente d'offrir au public le frisson de la fusion du classique et de la pop, rien de surprenant. D'autant que le collaborateur privilégié de Jaz Coleman est Nigel Kennedy: l'enfant terrible du violon britannique, coiffure punk et fan déclaré de foot, a réussi à battre tous les records de ventes de disques classiques, en 1990, avec un énième enregistrement inutile des Quatre Saisons de Vivaldi.

Avec Kenn