Le cinéma, organisme vivant, aime les respirations séculaires. Art du XXe siècle né à la fin du XIXe, il semble aborder le XXIe avec une foi nouvelle dans sa valeur expérimentale. C'est en effet tout un pan du cinéma moderne, celui-là même qu'on a cru voir mourir depuis vingt ans, qui a relevé la tête ces dernières saisons, régénérant le brasier d'une histoire de l'art dont le foyer n'était plus entretenu que par quelques valeureux maîtres anciens (Godard, les Straub...) ou leurs héritiers plus ou moins maudits (Garrel, Carax, Desplechin...). Avec Anne-Marie Miéville et son radical Après la réconciliation, avec Monteiro et son prodigieux black out (une adaptation, dans le noir absolu, de la Blanche-Neige de Robert Walser), avec le retour de Chantal Akerman vers l'ascèse de ses origines (la Captive), avec l'audacieuse rétrospective autour du found footage à Beaubourg (Monter/sampler), après la découverte des sorciers italiens Gianikian et après l'épanouissement persistant des images filmées au sein de nouvelles formes d'art (toutes ces trouvailles conceptuelles aux confins du cinéma, de la performance et de l'éclat plasticien qui ont gagné les galeries), il n'est plus permis de douter: le cinéma comme art multiforme, le cinéma de l'expérimentation, le cinéma de la radicalité, de la violence politique et de l'insoumission esthétique, connaît une renaissance dont n'auraient pas osé rêver ses plus ardents prophètes.
Tremplin. Deux films aussi étrangers l'un à l'autre qu'amis univ